













« Une laideur extrême dans la vieillesse peut, à sa limite, devenir belle. Pour cultiver en soi la structure irrégulière, discontinue et stratifiée du vieillissement, un changement de perspective peut s’avérer nécessaire. Cela implique d’abandonner la croyance selon laquelle les formes de vie sont des créations régulières et continues. En dépouillant toute chose jusqu’au noyau, là où il n’y a plus rien, on peut alors parvenir à une compréhension avant-gardiste », remarquait un jour le regretté psychologue Hayao Kawai.
À l’été 2014, face à ma mère de 85 ans, en proie au désespoir et aux lamentations liées à sa vieillesse, j’ai ressenti le besoin profond de réfléchir à ce que signifie « vieillir » et à ce que je pouvais faire, malgré la distance qui nous séparait.
Vieillir ne doit pas nécessairement être perçu comme une « perte » ou une « déchéance » ; cela peut aussi être vu comme un processus d’approfondissement de nouvelles expériences et d’introspection, ouvrant la voie à la découverte de facettes inédites de soi-même. Peut-être la vieillesse peut-elle être accueillie comme un temps de création.
Ce travail photographique, accompagné de poésie, a été inspiré par « Oi-no-Iri Mai » (la Danse du Vieillissement) dans le Nô, un art du spectacle traditionnel japonais. Dans Oi-no-Iri Mai (Danse de l’entrée dans la vieillesse), après la fin de la représentation, l’acteur revient sur scène pour une dernière danse, poussé par l’émotion persistante avant son départ.
La série A Tree - Mai entrelace l’image de l’arbre avec celle de ma mère. J’ai utilisé des techniques de cyanotype avec de la poudre d’or sur du washi fait main pour imprimer des arbres en décomposition.Le vieillissement est inévitable, une réalité à laquelle nous devons tous faire face. En cette ère de longévité accrue, je souhaite partager cette expérience à travers cette œuvre avec le public, en l’invitant à imaginer et à reconsidérer notre manière d’aborder et de vivre le processus du vieillissement.